NOTES

 

Hugo a pu trouver ces noms réunis dans l'article ASTRONOMIE de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert: « Anaximene de Milet né 530 ans avant Jesus-Christ, regardoit les étoiles fixes comme autant de soleils autour desquelles des planetes faisoient leurs révolutions, sans que nous pussions découvrir ces planetes, à cause de leur grand éloignement. Trente ans après naquit Anaxagoras de Clazomene. Il enseignoit que le soleil étoit une masse de fer enflammée, plus grande que le Peloponese; que la lune étoit un corps opaque éclairé par le soleil, & qu'elle étoit habitée comme la terre. »

Mais l'« Homœomérie » vient de l'article ANAXAGORE du Dictionnaire de Chaudon et Delandine : « Il eut pour maître Anaximènes, qui en fit un de ses meilleurs disciples. [...] Il enseignoit que la lune étoit habitée; que le soleil étoit une masse de matière enflammée, un peu plus grande que le Péloponnèse. ll entreprit d'expliquer la maniére dont il supposoit que Dieu avoit arrangé toutes les parties qui entrent dans la composition des corps. "La Suprême intelligence, disoit-il, vit que la matière étoit dans un grand désordre, & voulut y remédier, parce qu'étant la perfection même, toute imperfection lui déplaît. Elle rappella toutes choses à un plan plus régulier & plus digne de sa sagesse. Pour cela, elle divisa la matière en une infinité de petites parties exactement semblables, et qui devoient être comme les élémens des corps. Toutes ces particules distribuées avec art, & avec de justes proportions, avoient une tendance naturelle à se rejoindre, & se rejoignoient en effet selon les différens besoins de la nature." Il donnoit à ces particules le nom d'Homoeomeries ou Parties similaires, & elles lui servoient à expliquer tous les phénomènes naturels. »

Pas de confusion donc avec Anaximène de Milet, inventeur selon Pline du cadran solaire. En revanche, le même Dictionnaire observe la confusion entre Anaximène et Anaximandre son maître : « Il enseigna que la Lune recevoit sa lumière du soleil. Il soutint que la Terre est ronde, & inventa les cartes géographiques. Ayant divisé le ciel en différentes parties, il construisit une sphère pour représenter ces divisions. Il croyoit que le Soleil est une masse de matière enflammée, aussi grosse que la Terre. On veut qu'il soit encore l'inventeur du Gnomon, c'est à dire, de la manière de connoître la marche du Soleil par un style ou gnomon élevé perpendiculairement à l'horison. D'autres en font honneur à son disciple Anaximène. »

Il faut noter que sa thèse d'un progrès continu de la science et de l'obsolescence de ses connaissances conduit Hugo à passer sous silence des découvertes ou des intuitions scientifiques très anciennes et retrouvées ou vérifiées beaucoup plus tard: planètes tournant autour des étoiles qui sont d'autres soleils, nature ignée du soleil, réflexion de la lumière solaire par la lune, théorie atomique ou moléculaire, rotondité de la terre! Depuis le trio Anaximandre-Anaximène-Anaxagore, la cosmographie s'est, certes, amendée mais infiniment moins que Hugo le fait croire. Sur certains points -l'existence de planètes hors du système solaire- elle était même en avance sur celle du XIX° siècle.

En revanche, on s'étonne que Hugo n'ait pas prêté attention à l'invention de la notion d'infini par Anaximandre: « Il établit l'Infini pour premier principe de tout. Tous les êtres, selon lui, sortoient de son sein & s'y replongeoient successivement pour en sortir de nouveau. C'étoit une chaîne non interrompue d'existence, de corruption & de renaissance; il n'expliquoit point ce que c'étoit que cet Infini, & ne donnoit aucunes bornes à la matière, parce qu'au-delà de celles qu'on eût pu lui assigner, on concevoit toujours quelque étendue. »